Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Guy Laplagne
23 février 2020

754. Élections municipales: comment les cantines bio se sont imposées dans les programmes

Il faut encourager.

Soutenir les petites exploitations agricoles locales.

Surveillance des fraudes.

+++++

23/02/2020 05:28 CET
Élections municipales: comment les cantines bio se sont imposées dans les programmes

Marginal il y a encore quelques années, l'introduction du bio dans les cantines scolaires est aujourd'hui proposé par toutes les formations politiques.

NICOLAS TUCAT VIA GETTY IMAGESComment les cantines bio se sont imposées dans les programmes pour les municipales

POLITIQUE - Si vous êtes candidat aux élections municipales et que vous ne mentionnez pas “cantines bio” quelque part sur votre matériel de campagne, préparez-vous à ce qu’on vous le fasse remarquer. Car à moins d’un mois du scrutin, et alors que la question prend de plus en plus de place au Salon de l’agriculture, jamais le thème n’a semblé autant faire consensus.

Du moins en apparence. Car il y a forcément une part d’opportunisme électoral dans un contexte où la question climatique s’invite chaque semaine à la une de l’actualité et où le “mieux manger” est une réelle préoccupation. Selon un sondage YouGov publié samedi 22 février par Le HuffPost, 83% des sondés se disent prêts à faire des efforts pour diminuer l’impact environnemental de leur assiette. En 2017, un sondage Ifop établissait que 86% des Français se disaient favorables à l’introduction du bio dans les cantines.

De quoi aiguiser l’appétit de nombreux candidats, dont certains appartiennent à des formations politiques qui n’en faisaient pas (du tout) une priorité lors des élections municipales de 2014. 

L’alimentation représente 26% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. L’usage des terres agricoles est un des principaux facteurs de la perte de biodiversité. Face à ce double défi, il est nécessaire de changer notre façon de manger pour changer l’agriculture. C’est pourquoi Le HuffPost a choisi de publier, à l’occasion du Salon de l’Agriculture, un dossier spécial consacré à notre alimentation. L’intégralité du dossier sera publiée d’ici au 1er mars. 

De la gauche... à l’extrême droite

Tout d’abord, lorsque l’on évoque le “bio dans les cantines” cela veut tout et rien dire, puisque tout dépend de la part que le maire (ou le candidat) souhaite introduire. Comme tout dépend de la façon dont il souhaite le mettre en place. La loi EGalim adoptée à l’automne 2018 fixe un seuil de 50% de produits de qualité et durables dans les cantines, dont 20% issus de l’agriculture biologique d’ici 2022. Voilà pour ce qui est de l’obligatoire. Aux maires ensuite d’augmenter cette part voire, comme le proposent certains candidats, de passer en 100% bio. C’est notamment ce que promet à Paris Anne Hidalgo, qui souhaite “tendre” vers cet objectif à l’horizon 2026, via notamment la création d’une coopérative agricole en Île-de-France. 

À Grenoble, le maire et candidat EELV Éric Piolle, récompensé du “prix de la cantine rebelle” grâce à une part de 50% de bio et d’un repas végétarien hebdomadaire, vise également cet objectif. Mais au delà des formations politiques engagées sur ces questions depuis plusieurs années, des partis comptant dans leurs rangs des responsables climatosceptiques en font également un argument électoral.

C’est notamment le cas du Rassemblement national. Au point que l’objectif du 100% bio figure par exemple dans les propositions du candidat RN à Cagnes-sur-Mer. Plutôt inhabituel pour un parti qui jusque-là investissait politiquement la question des cantines sur la seule consommation de porc et la lutte contre les menus de substitution. Un critère qui comptait notamment parmi les principes d’une charte en vue d’alliances pour les élections de 2014. 

“Les élus ont compris que ce n’était pas qu’une question alimentaire”

Barjac est une petite commune du nord du Gard, située à la frontière de l’Ardèche. En 2007, la cantine a définitivement adopté le bio sous l’impulsion de son maire, Édouard Chaulet. Une transition qui avait fait l’objet du documentaire “Nos enfants nous accuseront”, sorti l’année suivante. Treize ans plus tard, l’édile regarde avec satisfaction l’évolution du monde politique sur la question. “J’ai reçu des dizaines et des dizaines d’élus, j’ai été invité partout pour partager notre expérience. Y compris dans des assemblées où la question n’était pas populaire. Et encore aujourd’hui, je suis toujours sollicité par des élus”, raconte cet ex-candidat Front de gauche aux législatives de 2012. 

Selon lui, le consensus qui s’observe dorénavant sur la question est le fruit du “lobby positif” que plusieurs communes pionnières ont exercé auprès du public et des responsables politiques via “des associations, comme le Club des territoires ou Un Plus bio”. Des structures qui ont pour objectif assumé de “peser sur les évolutions des mentalités et des réglementations”. Autre élément à prendre en compte, la dimension globale de ce type de dispositif. “Les élus ont compris que ce n’était pas qu’une question alimentaire, mais également d’aménagement de territoire, avec la possibilité de préempter des terres pour aider à l’installation paysanne. Il y a aussi la responsabilité des maires sur la santé des enfants, l’éducation au goût... Tout ça compte pour les parents d’élèves et donc, préoccupe les élus”, détaille Édouard Chaulet. 

Des préoccupations que l’on retrouve par exemple du côté de la République En Marche. Sur son site, le parti présidentiel cite en “exemple qui marche”  Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes. Une commune qui “a triplé ses surfaces agricoles et a créé une régie agricole municipale”. Et de proposer à ses candidats aux municipales de promouvoir “des contrats avec les agriculteurs locaux pour leur assurer des débouchés, notamment dans les cantines, en échange d’une forte réduction des produits chimiques”. Soit la parfaite illustration d’une idée qui fait son chemin. 

À voir également sur Le HuffPost: L’avocado toast en voie de disparition des restos branchés pour des raisons écologiques

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité